Archéologie industrielle

en Dauphiné

Version de 2011

 

(Equipe de fouilles de Charavines -dir. M. Colardelle et E. Verdel- et Musée Dauphinois à Grenoble -dir. J. Guibal-)


 

METHODOLOGIE DES ENQUETES ET ETUDES

 

Les 7 vallées industrielles suivantes - situées autour du lac de Paladru - ont été, ou seront étudiées :

- vallée de l'AINAN (études réalisées de 1997 à 1999 ..... 2000)

- vallée de la Haute BOURBRE (études réalisées de 1999 à 2001)

- vallée de la FURE (études réalisées de 1993 à 1994 .... 2003)

- vallées alimentant le lac de PALADRU (SURAND et COURBON) :

(enquêtes sur le terrain réalisées de 2000 à 2001, fin des études en 2002)

- vallée de l'HIEN (études réalisées de l'été 2000 à l'été 2003)

- vallée de la MORGE : (début des études : janvier 2004, fin en 2006)

La vallée du Guiers Mort dans le massif de la Chartreuse

-l'étude a commencé par la vallée du GUIERS MORT (2007)

 

 

 

Ces études ont été commencées en mars 1993. Elles dureront, probablement, jusqu'à 2010.

Elles ont été entreprises dans le cadre des fouilles du village médieval de Colletière à Charavines.

Cet habitat est un site lacustre placé sur la berge du lac de Paladru à 30 km au nord ouest de Grenoble.

Il est daté de la première moitié du XIe siècle.

La majorité des vallées étudiées est placée autour du lac et englobe l'ancien territoire de la baronnie de Clermont. Toutefois, la vallée du Guiers Mort était hors de cette juridiction (comme celle de l'Hien)

Il s'agissait de relier les contextes économiques et sociaux prévalant à l'époque médievale, avec ceux des siècles postérieurs.

 

La METHODOLOGIE des études d'archéologie industrielle a été la suivante :

 

PREAMBULE

Le mot archéologie est retenu car les travaux portent d'abord et essentiellement sur des travaux de terrain (études d'objets divers) avec un regard d'archéologue et non d'historien classique.

Précisons qu'A. Schrambach a travaillé auparavant sur un chantier de fouille du Paleolithique moyen et supérieur en France et un autre relatif à des Antiquités romaines et byzantines en Algérie (soit un cumul en 2011, de 21 années d'activités liées à l'archéologie dont 19 en archéologie industrielle).

Par ailleurs, les méthodes de travail retenues par Alain Schrambach et Jean Capolini sont celles utilisées durant plusieurs décennies dans le cadre de leurs activités professionnelles qui consistaient en des études d'hydraulique appliquée à l'aménagement du territoire (et de géologie pour le premier et de géomorphologie pour le second) où il fallait commencer par appréhender l'environnement naturel (géologie, topographie, hydrologie de surface et souterraine, couvert végétal, cultures etc), les réalisations existantes, les anciens projets d'aménagements et ensuite sur la base d'une connaissance des besoins actualisés (et définis par d'autres membres de l'équipe de projet - économistes, sociologues etc) définir et chiffrer les solutions retenues. Ce travail a de nombreux points commun avec celui pratiqué depuis 1993 dans les vallées.

 

DANS LES HUIT VALLEES DEPUIS 1993 ....

Ces études étant coordonnées par Alain SCHRAMBACH, ingénieur de formation géologue/hydraulicien , l'accent a été porté sur le rôle de l'environnement dans le développement des vallées. Chaque vallée comprend une étude hydrologique (réalisée successivement par P.H. CHAVANIS et J. CAPOLINI), hydraulique, géologique et géomorphologique qui est complétée par une analyse des voies de communications naturelles (en particulier les barrières naturelles - marais, collines escarpées - , les seuils ou gués permettant de traverser le lit des rivières) et artificielles. Ces analyses environnementales définissent le cadre qui a guidé le développement social et économique des vallées qui vivèrent longtemps en autarcie marquée. De façon à mieux comprendre certains aspects environnementaux, nous avons participé à des études de géographie physique (dynamique torrentielle) avec Henri Rougier professeur à l'université de Lyon.

- En même temps des travaux de reconnaissance sur le terrain pouvant durer plus de 2années sont effectués dans chaque vallée. Ce travail est la base de toutes les études ultérieures et il apporte des informations rares n'existants pas dans les archives.

Il est orienté, entre autres, vers une approche en archéologie du bâti (analyses des styles pour la chronologie et des structures pour l'évolution des sites et l'adaptation des bâtiments aux nouvelles conditions de production) et des analyses techniques poussées (réseaux hydrauliques, moteurs, techniques industrielles, production). En cas de site moderne implanté sur un ancien établissement, recherche des murs et des canaux subsistants, ayant appartenu à ce dernier etc. De nombreuses discussions ont lieu avec les personnes ayant connu le site autrefois ou ayant travaillé en ce lieu (propriétaires, ouvriers et ouvrières, patron). A l'issue de ces échanges de vues, de rappel des mémoires, des dessins reconstituant l'aspect des ateliers ont été réalisés en tenant compte de l'avis des personnes concernées (jusqu'à dix pour un site).

Des calculs hydrauliques ont été réalisés afin de mieux comprendre le fonctionnement des vieux moteurs (et par la même les ateliers) et à ce sujet des méthodes de calcul spécifiques ont été développées (éclusage, débit des canaux, puissance des roues hydrauliques ou des moteurs à vapeur etc).

Il en a été de même au sujet des maisons fortes et des châteaux et manoirs (où habitaient les seigneurs propriétaires des vieux moulins avant la fin du XVIIIème siècle).

- A ce stade rédaction de fiches descriptives ANALYTIQUES à raison d'une par site industriel ou pré-industriel Ces fiches comprennent deux parties : la première historique et le seconde technique. Celle ci comprend les données et descriptions architecturales, les mêmes d'après la chronologie, l'évolution de la superficie du site, les réseaux énergétiques et leur évolution, le mobilier industriel, les processus industriels, la production, les hommes etc. ; il y a aussi les cartes anciennes, les plans des usines, les relevés de détail, les photographies, les images anciennes, les graphiques.

- Ensuite recherches d'archives (archives publiques et privées) et introduction dans la fiche ANALYTIQUE correspondante. Dans la vallée de l'Hien les archives privées des papetiers ont apporté plus que les publiques. Certaines usines sont accompagnées (sur place) de nombreuses archives. Comme ces dernières pouvaient disparaître, elles ont été exploitées d'une manière très large.

Toutes les fiches sont bâties sur le même plan, ce qui facilite les recherches et les compléments apportés plusieurs années après.

- Rédaction de bases de données présentant toutes les informations ANALYTIQUES relatives à une vallée, classées par sujet. L'analyse des anciens aménagements industriels d'un territoire a été menée en s'appuyant sur les données issues des textes, parfois techniques, mais surtout des cartes et plans anciens. C'est la raison pour laquelle les études comprennent beaucoup de valeurs chiffrées, de tableaux numériques, de diagrammes et de graphiques. Par exemple, la recherche de marqueurs de l'industrialisation en utilise beaucoup. Cette approche d'ingénierie débouche sur des résultats nouveaux.

A chaque fois que cela est possible, intégration des résultats au niveau global de la vallée.

- Enfin, et uniquement lorsque les travaux ANALYTIQUES sont terminés, rédaction et publication d'études, d'articles, de brochures SYNTHETIQUES sur un site ou un sujet technique précis. Les listes présentées dans chaque fiche du site web sont explicites.

Une fois les études de toutes les vallées terminées, des synthèses globales seront faites.

 

L'accent a été porté sur la réalisation de nombreux dessins. Outre que cela oblige le dessinateur (en l'occurence A. Schrambach) à voir, à analyser chaque détail (non vu dans le cas d'une vision rapide), cela permet à chaque membre de l'équipe d'avoir en tête la même image e-t d'en parler en connaissance de cause. C'est ainsi que certains dessins ont été l'objet de nombreux ajustements. Les 3 dessins suivants en sont l'illustration.

Fig : Le bourg de Voiron était autrefois encerclé par une muraille avec deux portes principales.

Ce dessin a été modifié en tenant compte des remarques de J.P. Moyne qui connaît bien le vieux Voiron et qui a rédigé de nombreux textes sur le Voiron médiéval.

 

Fig : Les fonds de toutes les vallées (Fure exceptée) ont supporté l'évolution glaciaire classique : lac glaciaire (lors de la fonte il y a 10000 années) --> étang --> marais --> drainage.

Ces étangs et marais formaient une barrière entre les deux rives : les gués (gua, gaz) naturels permettaient de passer d'une rive à l'autre : c'était

un lieu du vie avec hameau, maison forte et parfois moulin. Les gués furent équipés de planches puis de passerelles en bois et enfin de petits ponts en maçonnerie.

Ceci est particulièrement marqué dans la Bourbre aval, le Surand aval et l'Ainan amont.

 

Fig : Ce dessin montre, dans la vallée amont de l'Hien, le château des Ayes (disparu) près de Belmont. Si l'architecture du manoir est hypothétique,

la position du moulin et de la serve correspondent aux ruines vues sur le terrain. Le cadastre napoléonien a donné le plan du bâtiment.

En principe, une fois les études d'une vallée achevées, un CD (sous Windows) regroupant l'ensemble des informations (y compris les fiches) et des textes sera publié (textes sur CD ; figures sur papier ou sur CD).

L'équipe pluridisciplinaire comprend archéologues (Eric Verdel -époque Médievale et Temps Modernes -, Alain. Schrambach -archéologie industrielle -), historiens (Jean Pierre Moyne - époque Médievale et Temps Modernes -, Jean François Parent - historien/économiste : XIX et XXe siècles -), hydraulicien (Jean Capolini), géologue (Pierre-Henri Chavanis) et géomorphologues (Henri Rougier, Goeffrey Vigouroux, Jean Capolini). D'autres personnes, des chercheurs, des étudiantes ont apporté des informations : Roger Chaboud, Carol Darnault, Lionel Ferrière, Louis Fournier, Roger Fournier, A. Gautier, Sarah Goeller, Stéphanie Grare, Estelle Guilini, Georges Rosenberger, Michel Perrin-Taillat, Gérard Rémillier. Par ailleurs le nom des personnes (très nombreuses), qui dans chaque vallée, ont apporté peu ou beaucoup est indiqué dans les fiches.

Plusieurs membres de l'équipe, ingénieurs de métier, ont apporté une approche (en particulier de constructeur), une méthodologie, qui viennent compléter avec bonheur celles des historiens (un équipe complète en archéologie industrielle doit comporter obligatoirement au moins un architecte, un ethnologue, un hydraulicien et un ingénieur orienté mécanique ou industrie).

L'approche archéologique a conduit également à disposer d'éléments introuvables dans les textes, qui par ailleurs sont indispensables pour la bonne compréhension de l'histoire industrielle des vallées.

Afin de bien comprendre les mécanismes et les activités industrielles d’autrefois, de nombreuses personnes, dont c’était le métier, ont été interrogées (moulins à grains : Mrs Berthier, Blanc, Bret et Martin ; tuileries : Mrs Bertrand, Francillon et Satre ;  soieries : Mr Rostand et Paillet ; papeteries : Mrs Blanc-Coquand, Commeaux, Daujas, Henry, Maffey, Tezier ; métallurgie : Mde Durand et Mrs Battut, Bret et Maes).

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De façon à comparer les vallées avec d'autres situées hors de l'environnement du lac de Paladru, des études, hors de ce cadre, sont menées ponctuellement à la demande des propriètaires dans l'Isère, la Drôme, la Corse. Il s'agit de filatures et de moulins alimentaires.

 

Fig : Les moulins alimentaires ont été jusqu'aux années 1980, et ceci depuis le Moyen Age, des ateliers obligatoires car ils assuraient le maintien d'une énorme partie de l'alimentation de base des habitants. Avant la fin du XVIIIe siècle, ils appartenaient aux seigneurs et la concurrence ne jouait pas : leur nombre suivait celui des utilisateurs. Après 1800, devenus privés et soumis à la loi du marché, quoique le nombre d'habitants se soit accru, les petits "mal achalandés" étaient éliminés. Après 1850 et surtout les années 1880 (roues hydrauliques puissantes, nouvelles moutures comme la mouture "hongroise", nouvelle organisation du travail dans l'atelier), leur nombre décrut fortement (sauf dans la Fure car il fallait nourrir les ouvriers et ouvrières). Au XXe siècle il ne restait plus qu'un à deux gros moulins par vallée. Actuellement, parmi les anciens (depuis la fin des années 1400 !), un seul fonctionne à St-Ondras (Bourbre)

 

Fig : Cette carte est à comparer avec la suivante

 

 

Fig : Dans les deux cas, Ainan (moulins durant la 1ère moitié du XIXème siècle) et Hien (moulins au XVIIIème siècle donc soumis à la banalité),

les limites dessinées autour de chaque moulin ne représentent pas les zones d'action mais simplement leur territoire par rapport à ceux des voisins.

La zone d'action - ou le territoire drainé par un moulin - était en principe celui correspondant à une demi journée de marche du client accompagné de son âne.

La réalité était plus complexe. L'abondance des clients dépendait du bon vouloir de ceux ci : à certaines époques - lors de la banalité - ils refusaient d'aller vers les ateliers trop éloignés.

Le meunier suivant son sens de l'accueil, son goût du travail, la qualité de sa farine et son honnêteté pouvait les attirer ou les repousser : le moulin était plus ou moins "mal achalandé".

Enfin les moulins n'étaient pas tous comparables : certains étaient bien équipés, d'autres l'étaient sommairement et enfin le matériel était entretenu ou non (cas le plus fréquent).

Toutefois grosso modo il y avait une corrélation entre le nombre d'habitants et le nombre de moulins. Au fil des décennies, la notion de territoire se déforma.

Vers 1950, le moulin Berthier (A165) à Saint-Bueil dans l'Ainan avait des clients qui venaient d'Aiguebelette. Actuellement l'huilier Durand (H437) à Biol, a des clients alsaciens !

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TEXTES ANCIENS ET CALCULS !

 

Depuis quelques années, nos études sont portées vers la recherche et l'analyse de textes anciens, porteurs d'informations chiffrées, permettant de faire des calculs (en général simples).

Les résultats, qui ne sont que des essais, sont utiles car ils permettent d'avoir une vision nouvelle, différente, sur des questions précises, fréquemment oubliées ! Cette démarche permet d'orienter les réflexions sur des directions nouvelles ... sinon même de remettre en cause ces résultats !

Les sujets suivants ont été abordés :

TEXTES ................................................................................. ET TYPES DE CALCULS

-FURE : informations succintes sur le rôle du lac de Paladru et du ruisseau de Réaumont : étude hydrologique.

-GRESIVAUDAN : Charmeyran et Craponoz, production insuffisante des moulins : hydrologie, éclusage, gestion de l'eau

-METALLURGIE : production des ateliers du Voironnais : importance du trafic de bateaux sur l'Isère

-MOULINS : informations sur les moulins à blé : calcul de la production et du nombre de personnes vers 1360

-GESTION DE L'EAU : nombreux méfaits de l'éclusage : calculs de l'éclusage et de ses conséquences

-CRUES : rares données sur les vieilles crues : calcul des crues de 1856 (Fure) et 1897 (Morge)

-MOULINS : nombre de moulins, démographie : corrélations entre les moulins et la population

-BATEAUX : textes et images : calcul des caractéritiques des coques des barques de l'Isère et comparaison

-ROUES HYDRAULIQUES : données techniques sur les roues hydrauliques : calculs de toutes les caractéristiques.

-USINES : plans et textes : nombreux graphiques, diagrammes sur les superficies, le nombre, l'emplacement des usines

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FIN