LES VALLEES AUTOUR DU LAC DE PALADRU

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QUELQUES ELEMENTS SUR L'ARCHITECTURE DES ATELIERS ET DES USINES

Version 2011

 

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LES MATERIAUX, LES FORMES ARCHITECTURALES

TABLEAU GENERAL CHRONOLOGIQUE

 

 

CHRONOLOGIE

A l'issue de quinze années de prospection sur le terrain certaines composantes de l'architecture des maisons fortes, des ateliers et des usines sont présentées dans ce tableau.

Suivant l'éloignement des carrières (tufs et calcaires de Chartreuse), les matériaux les plus fréquents diffèrent d'une vallée à l'autre (pisé, galets, blocs erratiques cassés, tufs, calcaires, molasse, briques).Ainsi les constructions, à l'est, dans la Morge amont (St Aupre) comprennent essentiellement des calcaires alors que dans l'Hien (à l'ouest) il s'agit de pisé, des galets et des blocs erratiques cassés.

De plus à l'est, le mode de surfacage des faces vues diffère d'ailleurs, ce qui complique la datation (même approximative) des constructions.

Dans la vallée du Guiers Mort (hors tableau) les blocs de calcaire, parfois de grandes dimensions, à 5 sinon 6 faces dressées, sont la règle (en particulier pour les ponts construits au XVIe siècle). Les toitures étaient en essendolles (tuiles écailles en bois).

Dans les usines, les matériaux sont le pisé de terre, celui de machefer, les briques, les parpaings pleins et les précédents. Les toitures sont en tuiles.

 

LES MAISONS FORTES ET LES MANOIRS

 

Les maisons nobles étaient construites avec des matériaux de qualité : tuf, molasse, pierres (calcaires et blocs erratiques cassés). Ceci est confirmé par les textes qui précisent (à la fin du XVIIIe siècle) que les demeures des paysans étaient en pisé et toiture en chaume et celles des nobles en maçonneries et toiture de tuiles. Les toitures étaient en tuiles écailles. Les murs les plus anciens (maison forte de l'Epinay, soubassement du moulin de Saint-Geore-enValdaine immédiatement sous le château des Clermont) étaient montés en maçonnerie fourrée.

 

La maison forte de l'Epinay a dû être construite entre 1250 et 1300. Elle se distingue par son aspect massif et son plan simple et rectangulaire. Le rez de chaussée comprend une salle voûtée avec quatre fenêtres étroites et placées à 2,50 m au dessus du sol. Les murs épais de plus de 2 m ont été construits avec deux parements en tuf et un remplissage en galets noyés dans du mortier du chaux.

Cette épaisseur a permis d'aménager un escalier "en placard" dans une partie du mur. La première marche étant à 2,50 m au dessus du sol une échelle en bois amovible permettait d'y accéder. Un trappon, placé en clé de voûte (du rez-de-chaussée) permettait de hisser les matériaux et produits divers. L'un comme l'autre débouchent au 1er étage, l'étage noble, qui a été très modifié.

Les murs détruits à 70% ont été remontés ultérieurement avec des galets triés et rangés en lits parallèles. Uniquement 30% de cet étage est d'origine avec une cheminée du XVIe siècle et des coussièges devant les fenêtres. Un escalier extérieur a été ajouté probablement lors de la reconstruction des murs.

 

LES PETITS ATELIERS

 

LES MOULINS A PRODUCTION ALIMENTAIRE

 

Le plan des moulins à grains comprenait le bâtiment central, le plus grand, avec les paires de meules, et situés à des distances variables mais faibles, de petites annexes avec les gruoirs, battoirs à chanvre et huilerie.

Le dessin montre un tel petit bâtiment typique de la région. De dimensions réduites (4 x 4m ou 5 x 5 mètres), la caractéristique principale est le présence, sous une voûte, d'un roüet (roue hydraulique à impulsions et à axe vertical) dont l'axe est commun avec celui de la machine.

 

Le moulin au lieu dit les Barils (au nord de Chabons - haute Bourbre) comporte un bâtiment proche dans sa conception du précédent. Toutefois la voûte est remplacée par un plancher. La charpente du toit est très belle (avec une belle clé pendante) et la roue hydraulique est à axe horizontal, du type "par dessus".

 

Les moulins à production alimentaire ont fortement évolué au cours du XIXe siècle. L'apparition de moteurs hydrauliques plus puissant a permis de distribuer l'énergie sur tous les appareils dont en particulier la bluterie.(passage de la mouture à la grosse à la mouture à l'anglaise). La généralisation des moulins à cylindres (mouture hongroise) et du Plansichter, entraînés par des turbines hydrauliques, a transformé ces ateliers en petites usines.

 

LES MOULINS A PAPIER

 

Les vieux moulins à papier comprenaient un atelier avec la cuve, la presse et les marteaux qui réduisaient en pulpe les chiffons ou pattes. Le logement pouvait être dans ce bâtiment. Au dessus où dans un bâtiment voisin il y avait l'étendoir où l'on faisait sécher les feuilles de papier. Ce bâtiment avait des points communs avec celui des séchoirs à noix et des tanneries tardives.

 

LES FOURS (à tuiles, briques et à chaux)

LES TUILERIES

Les fours des tuileries sont pratiquement tous bâtis sur le même plan. A plan rectangulaire, ils étaient montés en pierres (roches métamorphiques, calcaires) et revêtus intérieurement d'un chemisage en briques réfractaires (fabriquées avec de l'argile réfractaire issue des carrières de St Aupre). De façon à lutter contre le choc thermique qui fissurait les murs, ces derniers pouvaient être cerclés de barres de fer.

Les bouche à feu de petites section, reliaient le foyer à l'extérieur (entonnement des fagots, extraction des cendres).

Le plancher horizontal de la chambre de cuisson (formant plafond des foyers) était construit en briques réfractaires formant une dalle ajourée assurant le passage des gaz chauds vers le haut au travers des tuiles/briques/carreaux à cuire.

Le déchargement de la chambe de cuisson se faisait par une (ou deux) portes donnant sur l'extérieur

Afin de réduire les pertes de chaleur, ces fours étaient adossés à un talus et étaient donc semi enterrés.Un seul fait exception, celui de Doissin (Hien) dont la chambre de cuisson est voûtée (four réverbère) et les deux bouches à feu enterrées.

 

 

LES FOURS A CHAUX

 

De conception beaucoup plus simple que celle des tuileries, il s'agissait de fours à plan circulaire montés en pierres. La voûte du foyer était en pierres à chaux et était remontée et détruite à chaque cuisson (d'où la présence d'un vestibule en avant du foyer pour accéder au foyer). La vidange vers le bas des pierres cuites (calcaires transformés en oxyde de calcium) conduisait à mélanger la chaux vive aux reliquats des cendres (on retrouve, comme au moulin des Ayes à Crolles - Grésivaudan - , de petites particules noirâtres de carbone dans le mortier de chaux)

 

LES SCIERIES ou MOULINS A PLANCHES

 

Les scieries assez nombreuses (lors de l'industrialisation des vallées elles fournissaient les charpentes des toitures et les tuileries, les briques et les tuiles). Il s'agissait de scie battante (mouvement alternatif en général vertical) mue à l'eau par une roue hydraulique à axe horizontal.

 

 

Le long de la vallée du Guiers Mort, couverte de forêts, les Chartreux construisirent de nombreuses scieries.

Le dessin correspond à une scierie du début du XIXe siècle.

 

LES HAUTS-FOURNEAUX BERGAMASQUES

Les activités métallugiques furent importantes dans la région. Toutefois, dans le Voironnais aucun haut-fourneau ne fut construit, contrairement à la vallée du Guiers (Chartreuse).

Dans le cadre de l'étude du Guiers Mort, une étude des vieux hauts-fourneaux (dits bergamasques) a été réalisée.

Le fourneau était installé dans une construction d'aspect extérieur identique à celui d'un construction banale : quatre murs et une toiture fréquemment à deux pans posée sur une charpente en bois. Extérieurement ce type de bâtiment s'identifie par une cheminée assez haute, de forte section et légèrement tronc conique qui traversait la charpente en bois (comme cela est visible sur une image des années 1830 du haut-fourneau d'Allevard (massif de Belledonne - Alpes) .

Comme le four était chauffé à une température de l'ordre de 1600 °C, ceci entraînait au moins une conséquence : de façon à permettre aux ouvriers de travailler dans la chambre frontale au four (avec la sortie du foyer et le passage de la coulée de fonte), une ouverture très large sur l'extérieur assurait la ventilation (de façon à évacuer l'air chaud).

 

Ce dessin s'appuie sur les ruines encore visibles du fourneau (dont l'arche) et les images de l'époque (haut-fourneau de Fourvoirie sur le Guiers)

 

LES USINES

 

LES SOIERIES

 

A partir du début du XIXe siècle (et plus tôt dans d'autres vallées) les usines (dessin précédent) étaient dites "à étages" (tissages, papeteries). Plus tard on verra apparaître les sheds (dessin suivant) ou "usine à toiture en dent de scie" (essentiellement les tissages). Les sous sols étaient fréquemment voûtés.

 

Ce dessin schématique montre une "usine à étage" en haut et avec des sheds en bas. Ces derniers sont apparus plus tard mais au plus tôt dans les années 1860 et massivement à partir des années 1880 jusqu'au XXe siècle.

 

LES PAPETERIES

 

Au début (dès le milieu du XVIe siècle dans le Voironnais), les premiers ateliers étaient des moulins à papier (voir avant) déja dénommés pappeterie au XVIIIe siècle.

Ensuite, à partir des années 1830, ce furent des manufactures de papier de plus en plus grandes et axées autour d'une machine à papier (à la place de la cuve) et de cylindres hollandais (ou piles) à la place des maillets. Ensuite à partir des années 1860 avec l'usage de la paille ou du bois à la place des chiffons, on voit apparaître les lessiveurs et les meuletons. La capacité de production de plus en plus importante se traduisit par une machine à papier qui deviendra gigantesque.

 

UN CAS PARTICULIER : LES MOULINAGES ET SOIERIES PARTIELLEMENT SOUTERRAINES

 

Certaines usines comportaient une partie souterraine creusée dans le rocher. L'usine de tissage Girodon est creusée en partie dans le tuf et comprend de nombreuses chambres, un escalier et deux immenses salles dont la supérieure voûtée.

La filature la Galicière, à Chatte, comprend aussi des sous sols creusés dans la mollasse.

Il s'agit, probablement, d'un choix afin de disposer de salles de stockage humides pour la soie.

 

LES PLANCHES ET LES PONTS

 

Les ponts en maçonnerie étaient importants mais peu nombreux. Au début, dans le Voironnais où les ruisseaux ont une faible épaisseur d'eau (hors crue) et un lit peu large, les gués (gua, gaz) furent équipés de planches en bois (parfois des dalles de pierres) d'où le nom de "planches". Ensuite ce fut des ponts en bois (avec une galerie sur le Guiers Mort au XVIIe siècle).

A Rives, sur la Fure, un pont en maçonnerie de pierres calcaires fut construit au XVIIIe siècle afin d'assurer le passage du grand chemin reliant Grenoble à Lyon. Il en fut de même à Saint-André-le-Gaz sur la Bourbre (XIXe siècle). Toutefois le Guiers Mort vit apparaître de nombreux ponts en maçonnerie. En effet ce torrent a un écoulement tel que des planches sont impossibles à installer. Le premier fut construit au XIIIe siècle à Fourvoirie, les autres avec une architecture cartusienne au XVIe siècle et enfin deux autres au XVIIIe siècle à Fourvoirie.

Un exemple de pont en bois dont l’architecture est bien définie : le pont en bois à Grenoble sur l’Isère au début du XIXe siècle

 

 

A consulter :

 

SCHRAMBACH A. L’industrialisation des vallées du Voironnais (Isère) - Pierres, carrières et constructions dans le Voironnais. 

9 pages    8 images. Les Chroniques juin et novembre 2010

 

SCHRAMBACH A.  Le pays Voironnais et le massif de la Chartreuse.  Les voies de communication, chemins et ponts 

70 pages   23 figures  2009  non édité

SCHRAMBACH Alain   Les vallées dans le Voironnais et le massif de la Chartreuse.  Les ponts, les passerelles et les bacholles en bois, en maçonnerie. 

22 pages  19 figures  2010 Non édité

 

 

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